mardi 17 janvier 2017

N'est pas Dreyfus qui veut

Conférence de paix de Paris : Lieberman, toujours prolixe en amalgames et à revendiquer le statut de victime, dénonce "une version moderne du procès Dreyfus ... avec l'Etat d'Israël et le peuple juif sur le banc des accusés", rien que ça. Le ministre de la défense est aussi peu au fait de l'Histoire qu'il ne l'est de la réalité, encore moins de l’avenir. Ses connaissances historiques se limitent sans doute à "la Bible pour les nuls" et à certaines périodes de l'histoire soviétique. Quant à la notion de "peuple juif" il serait sans doute trop complexe de la lui expliquer.

Tout comme le Capitaine Dreyfus, Lieberman est un homme de la fin du 19ème mais la ressemblance s’arrête là. En effet, les différences entre Lieberman - ses alliés politiques et l'Etat d'Israël - et le Capitaine Dreyfus sont de taille, voir innombrables.
Avant que d’être Juif, Dreyfus était avant tout Français et fier de l'être ; un homme d’honneur au service de sa nation mais pour ses détracteurs et les antisémites de l'époque il était surtout et avant tout juif. En cela, ils partagent la même perception que Netanyahu et Lieberman qui appellent constamment les Juifs à quitter la France et rejoindre Israël, leur véritable patrie. La référence à l’affaire Dreyfus s’inscrit dans cette même logique de pensée.
Dreyfus n’a jamais bénéficier de la clémence dont jouit Israël et surtout il était innocent. Injustement accusé, discrédité et déposséder de ses droits, sa condamnation fut des plus iniques alors qu’Israël est coupable et, en dépit de faits accablants, n’a jamais été sanctionné et bénéficie de l'impunité la plus absolue. Dreyfus fut un bouc émissaire, Israël ne cesse d'en créer.
Dreyfus a été défendu par des justes, des hommes de courage, des intellectuels engagés et des humanistes qui durent affronter les préjugés de leur temps. On ne saurait en dire autant des défenseurs attitrés et autoproclamés d’Israël, humanistes à la conscience sélective, à l’universalité amputée, au sectarisme refoulé et au discours adoubé par la pensée dominante, bénéficiant de surcroit de la grâce du Prince.
Dreyfus n’a jamais commis le moindre crime, ni déplacé des populations entières, ni enclenché de guerre, ni opprimé un peuple dans son ensemble ; il ne s’est jamais adonné à des actes racistes, n’a jamais été accusé de crime de guerre, n’a jamais cautionné des idées d’extrême droite et n’a jamais violé de lois tant nationales qu’internationales.


Dreyfus a payé pour un crime qu’il n’avait pas commis alors que l’Etat d’Israël est coupable de crimes dont les Palestiniens payent le prix. Tout comme le malheureux Capitaine ils ont connus l’injustice, la privation de leur droit, la prison et l’exil. Aussi, la seule comparaison qui tienne serait plutôt celle entre Dreyfus et les Palestiniens.
La justice et l’histoire réhabilitèrent Alfred Dreyfus mais ni l’une ni l’autre ne réhabiliteront Lieberman et l’Etat d’Israël.

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