lundi 26 février 2018

TREVE D'INHUMANITE

La trêve humanitaire de 30 jours votée par le Conseil de Sécurité n’aura pas duré trois heures. Pas même le temps d’envisager l’acheminement de l’aide humanitaire et l’évacuation des blessés dans les zones de combats, notamment dans l’enclave assiégée de la Ghouta.
Certes, le cessez-le-feu n’englobe pas les divers groupes Djihadistes, sinon la résolution 2401 n’aurait jamais pu être adoptée. Selon son texte, ne sont pas concernés par la trêve les “individus, groupes, entités, associés avec el-Qaëda et l’État islamique, ainsi que d’autres groupes terroristes désignés par le Conseil de sécurité “; mais les civils et les citoyens syriens qui se trouvent dans les zones sous leur contrôle sont-ils pour autant exclus du devoir d’humanité ? Ne sont-ils pas les premiers concernés par la trêve humanitaire, à l’instar de toutes les populations civiles exposées aux combats partout en Syrie ?

Il ne saurait être question ici de préférence, de géopolitique, de propagande, de parti pris, encore moins de condamner un camp plutôt qu’un autre mais de respecter une résolution adoptée à l’unanimité par la plus haute instance internationale et dont l’objectif est de venir en aide aux populations civiles victimes du conflit. Il est évident que le régime et ses alliés sont décidés à reconquérir du terrain et sont déterminés à poursuivre leur offensive contre-insurrectionnelle pour déloger les rebelles. Il n’en demeure pas moins que le fait d’observer une pause dans les combats ne revient aucunement à donner un répit aux groupes rebelles mais avant tout d’en accorder un aux populations civiles et permettre éventuellement leur évacuation, en priorité celle des blessés, et l’acheminement de l’aide médicale et alimentaire.

Est-il seulement besoin de rappeler que cette trêve vise à venir en aide aux civils, femmes, enfants vieillards, malades et blessés, alléger leur souffrance, leur permettre de quitter les zones de guerre et non d’épargner les combattants affiliés à Daesh ou Al Nosra ? Les hostilités pourront toujours rependre après la distribution de l’aide et l’évacuation de ceux qui désirent partir. Exclure ces zones en raison de la présence de groupes Djihadistes revient à condamner tous les habitants qui s’y trouvent. Depuis quand la lutte contre le terrorisme est-elle plus importante que la protection et la sécurité de ceux qui en sont victimes ? Il est évident que du peuple syrien, tant le régime que les groupes rebelles ainsi que leurs alliés respectifs n’en ont cure.

Pourtant une trêve pourrait favoriser la tenue de négociations en vue d’une réédition des groupes armées voire de leurs retraits vers d’autres fronts à l’instar des accords similaires obtenus à plusieurs reprises. Mais jusqu'à présent l’armée syrienne n’a toujours pas eu la décence de suspendre quelques heures ses opérations alors que même les principaux groupes rebelles qui contrôles la Ghouta orientale s’étaient engagés à respecter le cessez-le-feu humanitaire réclamé par le Conseil de Sécurité. Ainsi, le groupe islamiste Jaich el-islam s’est engagé « à protéger les convois humanitaires qui vont entrer dans la Ghouta » alors que le groupe Faylaq el-Rahmane annonçait « respecter le cessez-le-feu » et « faciliter l’entrée de toutes les aides de l’ONU dans la Ghouta orientale ».

Ce serait plutôt aux autorités étatiques, aux pays membres des Nations-Unis et de surcroit ceux qui sont membres permanent du Conseil de sécurité de se conformer à la légalité internationale et aux résolutions du dit conseil et non aux groupes qualifiés, parfois à raison, de terroristes et qui par nature ne sont guère enclins à respecter le droit international. Aussi, la Russie devrait imposer immédiatement dans la Ghouta et ailleurs un cessez-le-feu provisoire, une trêve temporaire et aménager des couloirs humanitaires afin de permettre l'évacuation des civils. Il en va de sa responsabilité du fait de sa position militaire prédominante, du rôle délicat d’arbitre qui s’y rattache, de son statut de grande puissance mais aussi de la sécurisation et de la capitalisation des efforts investis dans le conflit. Alors qu’elle s’évertue à obtenir une solution politique négociée le moins qu’elle puisse faire serait d’obtenir d’un régime qu’elle soutient à bout de bras l’instauration d’une pause humanitaire à défaut de réelles concessions politiques. Il en va de sa crédibilité et de l’avenir de sa présence en Syrie.









vendredi 23 février 2018

DERNIERES NOUVELLES DE AFRINE EN SYRIE, OU CE QU'IL EN RESTE

Après avoir été lâchés à Afrine, et très prochainement à Manbij, par leur allié américain, dont la stratégie a été sabordée par la Turquie, leur allié et partenaire au sein de l’OTAN, et bernés par les russes, les Kurdes qui font face seuls à une offensive de l’armée Turque et de supplétifs de l’ASL – offensive qui aurait été inenvisageable sans le feu vert de la Russie – en sont au point d’accueillir Assad, qui les accusaient hier encore de trahison et qu’ils ont combattu à maintes reprises, comme un « libérateur ». Une option que leur avaient proposé les russes avant le déclenchement de l’opération « Rameau d’olivier » afin d’éviter l’offensive turque grâce à un redéploiement de l’armée syrienne. Il s’agit en tout cas d’un nouveau développement majeur qui vient ajouter de la complexité et les risques d’escalades régionales au conflit.

Le président syrien, menacé par les Trucs, qui non satisfaits de violer la souveraineté de la Syrie imposent en plus des lignes rouges à son armée – laquelle se gargarise encore de son « exploit » souverainiste suite à la destruction, après plus de 100 opérations aériennes, d’un F16 israélien – qui n’a pas osé envoyé ses troupes régulières mais des supplétifs – avec ou sans l’aval de Moscou ?- constitués de diverses milices pro régime rassemblées sous le label de « Forces de Défense Nationale ».
Ces dernières venues essentiellement des localités de Zahra et Nubi, et composées en grande partie de miliciens chiites appuyés par l’Iran, sont venues à la rescousse des combattants Kurdes pourtant alliés des Etats-Unis eux-mêmes opposés au régime syrien et à la présence de l’Iran et de ses supplétifs.
Quant aux supplétifs de l’ASL, devenus pour l’occasion mercenaires de l’armée Turque, ils s’en prennent à une autre force d’opposition au régime, constituent l’avant-garde d’une armée d’occupation de la Syrie et font à leur insu le jeu de Damas qui essaye d’exploiter cette situation pour rétablir sa souveraineté dans une partie du Rojava, ou Kurdistan syrien.
Et pendant ce temps, les morts se comptent par centaines, les femmes et les enfants d’abord, dans le fief rebelle de la Ghouta où se retrancheraient selon l’AFP 10 000 combattants de Jaïch al-Islam et 9 000 de Faylaq al-Rahmane. C’est dans l’indifférence et le silence de la communauté internationale que la Ghouta, assiégée et soumise à des bombardements intensifs et des frappes pas vraiment chirurgicales, est sur le point d’être pratiquement rayée de la carte.
Quant à Idleb, annoncée comme la bataille de l’année 2018, elle est quelque peu passée au second plan ces derniers jours mais rassurez-vous les combats y font rage et les gens meurent toujours. Reste à savoir si son sort sera décidé par un échange de bon procédés entre Turcs et Russes …
Quand à la paix elle voyage et se prélasse dans les hotels entre Genève, Vienne, Astana et Sotchi.

Ah qu’il semble déjà loin le bon temps de la lutte providentielle contre Daesh.


jeudi 22 février 2018

PLUS JAMAIS CA ?


Du Yémen à Gaza, de Baghdad à Raqqa, des territoires occupés à Alep et à la Ghouta, les guerres prétenduments menée contre la barbarie, l'intégrisme et le terrorisme auront surtout tué toute idée de civilisation, d'humanisme et d'universalisme.


A quelques kilomètres près, l'identité des vivants a aussi peu d'importance que celle des morts surtout ceux qui auront eu le malheur de vivre du "mauvais côté". Pas de quartier, ni empathie ni pitié, pas même une once de compassion, seul importe d'avoir raison et d'être du "bon camps" même si l'innocence est à nouveau massacrée au nom de la civilisation. 

Notre siècle n'aura pas même eu le temps d'entretenir espoirs et illusions avant que d'échouer là où le XXème, K.O et à peine relevé de ses charniers, s'était proclamé "plus jamais ça" !