vendredi 28 avril 2017

Abstention n'est pas raison


C'est bien connu, les absents ont malheureusement toujours tort même s'ils ont souvent raison. L'abstentionnisme au second tour s'apparente, par sa philosophie et ses dommages, au vote utile au premier tour. Quelques votes utiles en moins et nous aurions peut être eu la chance d'assister à un véritable duel démocratique au second tour entre Macron et Mélenchon. Une configuration qui aurait bien embarrassés certains votants utiles notamment de gauche. Les mêmes qui s'érigent à présent en inquisiteurs face aux indécis et aux abstentionnistes, éludant leur propre part de responsabilité dans l'avènement du FN au second tour. Il ne s'agit pas aujourd'hui de choisir Macron, de lui accorder un chèque en blanc ni de cautionner son programme mais de refuser de faire le choix du FN quitte à voter pour un figurant nonobstant sa personne. C'est ainsi qu'il faut le percevoir, comme un non choix, afin de rendre la chose plus aisée; du moins c'est ainsi que le représentent ceux qui en font un rempart contre Marine Le Pen.S'abstenir c'est aussi et surtout renoncer à choisir notre adversaire, les règles du jeu et nos armes pour les 5 années à venir. L'élection présidentielle n'est qu'une étape de la vie démocratique, le rassemblement n'est pas pour Macron mais contre Le Pen dans un premier temps puis face à Macron et Le Pen dès les législatives. Il ne vous est pas demandé de faire campagne ni de proselytisme, ni même de l'annoncer publiquement, le supplice est déjà de taille, mais de faire stoïquement le bon geste, avec abnégation, dignité et en toute modestie

lundi 10 avril 2017

LA VERITE SI JE MENS



S'appuyant sur des documents déclassifiés de la CIA et des témoignages d'anciens hauts gradés, le magazine foreign policy soutient que Washington savait dès 1983 que Saddam Hussein n'hésitait pas à recourir à des bombardements de gaz sarin ou Tabun (gaz neurotoxique encore plus puissant que le gaz sarin) face aux troupes iraniennes.

A quatre reprise des agents chimiques ont été utilisés, tuant à chaque fois entre « des centaines et des milliers d’Iraniens », selon la CIA.
« Les Irakiens ne nous ont jamais dit qu'ils comptaient utiliser des gaz neurotoxiques. Ils n'ont pas eu à le faire, on le savait déjà », a expliqué à Foreign Policy l'attaché militaire américain à Bagdad à l'époque, Rick Francona.
En mars 1988, Saddam Hussein utilisa, toujours en toute impunité, des agents chimiques contre le village kurde d'Halabja, faisant 5000 morts. 
« Pendant un quart de siècle, aucune attaque chimique n'a égalé l'ampleur des assauts illégaux de Saddam Hussein », souligne même Foreign Policy.
  
Le 5 février 2003 devant le Conseil de Sécurité des Nations Unis, dans un discours resté célèbre et considéré comme l’un des plus grands mensonges d’Etat avéré de l’histoire, le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, lançait au monde : "Il ne peut faire aucun doute que Saddam Hussein a des armes biologiques" et "qu'il a la capacité d'en produire rapidement d'autres" en nombre suffisant pour "tuer des centaines de milliers de personnes". Une accusation qui servie de prétexte à la guerre et l’occupation de l’Irak.

Autre temps, mêmes mœurs. Depuis toujours les Etats Unis sont passés maitres dans l'art du mensonge et de la dissimulation tant concernant leurs actes et leurs politiques que ceux des autres. Quand ils ne mentent pas impunément au reste du monde sur leur implication, leurs crimes ou leur complicité de crime, alors ils le font soit pour couvrir leurs alliés, soit pour acculer et accuser leurs ennemis du moment et légitimer prétexte à intervention.  L’ennui réside dans le fait que tout est possible mais rien n’est certain d’autant plus que le régime Syrien et ses alliés ont également et constamment fait preuve de duplicité, de démagogie, de mensonges et de crimes en tout genre. 







lundi 13 mars 2017

La gloire du Liban lui a été donnée

Sa Béatitude, le Patriarche Mar Boutros Béchara Raï est à nouveau la cible d’une campagne de diffamation et d’intimidation ; ce n'est ni la première ni la dernière fois qu'il fait face à des allégations et des attaques de ce genre. En cause cette fois-ci ses derniers propos à la chaine Skynews dans lesquels il a estimé que “L’intervention militaire du Hezbollah en Syrie a divisé les libanais”. Pour mémoire il avait été accusé par le passé de tenir des propos inverses en faveur du régime syrien et sur le rôle du Hezbollah au Liban.

Sa Béatitude n’a fait que constater l’évidence et décrire une indéniable réalité. Il s’agit plus de relayer un fait irréfutable, d'affirmer une vérité, d'en prendre acte, que de prononcer une condamnation ferme à l’encontre du Hezbollah, bien qu’il soit en droit de le faire si besoin en est. A tort ou à raison, nonobstant les arguments, les raisons, les motivations, les conséquences de cette intervention, il faut reconnaitre que la présence progressive du Hezbollah en Syrie pose de nombreux problèmes et constitue un sujet de discorde entre libanais. Il s'agit là d'une vérité de La Palice. Il est exact aussi qu’elle s’est faite à l’encontre du principe de distanciation et sans l’aval de l’Etat libanais, encore moins de celui de tous les alliés du Hezbollah. Le patriarche avait d’ailleurs tenu en substance des propos similaires en 2013 lors de son voyage en Colombie lorsqu'il avait exprimé sa préoccupation face à l’évolution de la situation en Syrie et ses répercussions au Liban :  « Nous avons toujours exigé des autres qu’ils ne se mêlent pas de nos affaires locales et il n’est donc pas acceptable que nous intervenions dans le conflit en Syrie », a-t-il souligné.  Ce message s’adressait à toutes les parties libanaises qui étaient intervenues en Syrie, tant aux côtés de l’opposition que du régime.

Des propos on ne peut plus objectifs qui reflètent la réalité et le bon sens. Tant le Hezbollah que ses alliés n’ont jamais prétendu le contraire et n’ont jamais affirmé que cette question faisait l’objet d’un consensus national encore moins d’une décision officielle des autorités libanaises. 
Il n’y a donc rien de nouveau sous le soleil, bien avant la crise syrienne, la question des armes et de la résistance n’a jamais fait l’unanimité et constitue le coeur du clivage politique depuis 2005. Le patriarche y revient dans la même interview: "Si le Hezbollah était une milice en dehors de l’État, la situation serait différente. La réalité est tout autre, aujourd'hui le parti prend part au pouvoir " Ce n’est pas la première fois que le Patriarche s’exprime sur cette problématique et que sa position soulève une levée de bouclier, des uns et des autres selon leur teneur. Nous avons tous en mémoire les polémiques futiles et les attaques infamantes dont il avait fait l’objet de tout bord lors de ses deux visites historiques en Syrie puis en Israël. Les mêmes qui avaient salué sa visite en Syrie avaient critiqué celle effectuée en Israël et vice versa. En tout état de causes aucunes pressions n’avaient été en mesures d’infléchir son action encore moins de le détourner de son devoir et des impératifs de sa mission. Des visites qui s’inscrivaient dans l’esprit de son rôle et dans la droite ligne des recommandations de l’exhortation apostolique.

Qu’on se le dise une fois pour toute, Sa Béatitude est libre d’exprimer ses convictions, de dire et d’agir selon sa conscience, de se rendre où bon lui semble et de remplir son ministère. Le Patriarche n’a pas de compte à rendre pour ses moindres faits et gestes, ni à recevoir de certificat de bonne conduite, de permission ou de satisfecit de personne. S'il est ouvert au dialogue et à la discussion il ne saurait en aucun cas se plier aux desiderata de la classe politique ni servir de caution à quiconque. Il s’exprime en son âme et conscience et n’a ni le soucis de plaire ni de complaire mais uniquement celui de défendre les constantes libanaises, celles de l’Eglise et les principes fondamentaux du pacte nationale, de la constitution et du vivre en commun. C'est le seul projet dont il se réclame et dont il se veut le gardien en toute circonstance. Il n’est guidé que par son devoir, les intérêts du Liban, le salut de ses fidèles, ainsi que par les lourdes responsabilités liées à sa dignité de Patriarche d'Antioche et de tout l’Orient et de Cardinal de l’Eglise indivise. A sa manière Bkerké incarne une forme essentielle de résistance garante du Liban, de son pacte, de sa formule, de sa souveraineté et de son vivre ensemble, la dépositaire du Liban-message. Une résistance qui plus est millénaire et qui ne s'est jamais démentie. A travers les âges, l'Eglise maronite en a connu des guerres, des invasions, des conquérants, des persécutions en tout genre ainsi que toute sorte de "Daesh" mais toujours démontré sa capacité de résilience et une détermination à toute épreuve.  

La guerre en Syrie - ses causes, ses conséquences, l’attitude à adopter, les solutions -  n’a pas divisé que les libanais mais le monde entier. Innombrables sont les sujets qui divisent les libanais, ce qui rend d’autant plus sacrés les principes qui les unissent et les sujets qui les rassemblent. En premier lieu le Pacte national ainsi que les droits et obligations qui s’y rattachent.

Ce qui ne doit les diviser en aucune manière c’est la lutte contre le terrorisme, l’intégrisme et la résistance face à Israël sous toutes ses formes et par tous les moyens. Quant à la vérité, aussi déplaisante soit-elle parfois, nous devons la reconnaitre et l’assumer si nous voulons un jour vivre dans un Etat de droit et de justice.