Il est de bon ton de
dénoncer à travers l'affaire Marcel Ghanem une "dérive vers la
dictature" et certains ne s'en privent pas, ce qui est de bonne guerre.
Certes, il nous faut exercer la plus grande vigilance quand les libertés
fondamentales sont en jeu, notamment celles d'expressions, d'opinions, de
croyances et de pensées. La liberté de la presse en est une traduction
concrète; elle se doit aussi d'être garante de ces droits et de leur bon
exercice.
Ceci
dit, je préfère encore certaines atteintes de la presse à l'éthique et la
déontologie, le fait qu'elle puisse par moment outrepasser ses droits plutôt
qu'elle soit soumise à une quelconque répression ou censure étatique.
J'accorderai toujours à la presse le bénéfice du doute, le droit à la défense
jusqu'à preuve bien établi du contraire.
Cependant, un
journaliste est un citoyen comme les autres, il n'a ni avantages ni dérogations
ni ne doit bénéficier d'un traitement de faveur, d'autant plus qu'il a la
charge de diffuser l'information, de relater les faits, de transmettre la
vérité, de faire preuve d'autonomie et de probité intellectuelle. Il se doit
aussi de respecter les libertés qu'il revendique pour lui-même.
Dans toutes les
démocraties dites libérales les condamnations judiciaires des organes de presse
ou de journalistes pour diffamation, atteintes à la vie privées, infos
mensongères, prejudice morale ou autres sont monnaies courantes sans pour
autant sombrer dans la dictature.
Les risques de dérives
vers la dictature du pouvoir politique, de la justice, de l'opinion et des
médias sont inhérents, à des degrés divers, à tout système politique.
Ce
qui est certain c'est qu'au Liban il existe une dictature bien établie à
laquelle la presse contribue aussi à sa manière : celle du mensonge, de
l'hypocrisie, de la mauvaise foi et de la diffamation.
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