Demain, après plus de 9 ans les citoyens sont à
nouveau conviés aux urnes pour réinsuffler un souffle démocratique à un régime
politique aux abois. Jamais depuis Taëf des élections législatives n’avaient
représentées un tel enjeu pour un Président de la République ni été aussi
déterminantes pour la suite de son mandat. Leur impact sera par conséquent
considérable sur l’ensemble du système tant politique que constitutionnel,
notamment le fonctionnement des institutions, l’équilibre et la collaboration
des pouvoirs, le processus décisionnel et la gouvernance, l’interprétation et
le respect de la constitution ainsi que l’application des accords de Taëf et la
mise en œuvre de ses clauses réformatrices restées en jachère. Des accords qui
entendent attribuer un rôle fondamental à l’institution de la présidence de la
République, sommet de l’Etat et clés de voûte des institutions : un rôle
de régulateur institutionnel, de garant de la collaboration et de l’équilibre
des pouvoirs, de gardien de la constitution, du principe de légalité mais aussi
de garant du processus démocratique et de l’unité nationale. L’esprit de
l’article 49, notamment son préambule, va bien au-delà de la conception
étriquée et étroite communément admise d’un président protocolaire aux
prérogatives formelles.
Au regard des responsabilités qui incombe à la
présidence et compte tenu de la portée de sa mission constitutionnelle ce rôle
doit être impérativement revenir à un président fort, c’est-à-dire un titulaire
qui jouit du soutien de forces politiques structurées et donc d’un bloc
parlementaire conséquent qui lui octroi tant une légitimité démocratique
nationale et confessionnelle afin qu’il puisse assumer le rôle d’arbitre qui
lui est imparti. Un arbitre effectif à même de trancher selon le texte
constitutionnel dont il est le seul à prêter serment avant son entrée en
fonction. Une lecture confirmée par les faits au regard du bilan certes relatif
mais cependant positif de la première année de la présidence Aoun.
A défaut de quoi, la présidence est dans
l’incapacité de remplir son rôle et d’exercer ses prérogatives - déjà fortes
limitées et en décalage avec ses responsabilités constitutionnelles – avec els
répercussions que l’on connaît sur l’ensemble du système politique :
dysfonctionnements, blocages à répétition, atteintes à la constitution,
paralysie institutionnelle, lenteur du processus décisionnel, non respect des
échéances démocratiques, etc …
Aussi, il s’agit de voter tant pour les
constantes de Taëf dont le Pacte national et la parité, que pour l’évolution
des institutions à la lumière de la pratique des 27 dernières années fortement
marquée par les circonstances, les déséquilibres et les rapports de forces. Il
s’agit d’accorder un mandat populaire au mandat présidentiel afin de mettre
toutes les chances de succès de son côté. Il s’agit aussi de raffermir et
d’élargir l’entente dont il est issu afin qu’elle recouvre l’ensemble des
thématiques nationales et qu’elle puisse relever les défis gargantuesques et
existentielles dont on ne peut plus faire l’économie. Cette synergie entre le
Président de la République et le premier ministre a révélée sa résilience et a
permis d’obtenir des résultats non négligeables. Aussi, par soucis de cohérence
et d’efficacité il faut donner une majorité présidentielle afin que le chef de
l’Etat soit en mesure d’appliquer le train des réformes nécessaires et ses
engagements exprimés lors de son discours d’investiture. Accorder une majorité
ou un bloc parlementaire conséquent au Président de la République revient à le
conforter politiquement mais aussi à le mettre face à ses responsabilités et
ses engagements réformateurs. On entrerait dans la phase la plus ardue du mandat,
pour certains son véritable commencement, celle qui ne consisterait pas moins
qu’à nettoyer les écuries d’Augias et à aborder les questions les plus
sensibles et conflictuelles. Celle qui devra
initier le
chantier des réformes et paver la voie à l’éclosion d’un accord interlibanais
refondateur et global, celui qui soumettra toutes les ententes a l’épreuve
mais qui sera aussi celui de la naissance de nouvelles ententes. Le temps de l’heure
de vérité, un test décisif et un indicateur déterminant de la volonté
réformatrice du mandat qui aura réussi dans sa première année à réactiver les
institutions et relancer le processus démocratique.
Certes, le changement n’est pas pour demain, tant
reste à accomplir ; pour ce faire personne ne sera de trop et toutes les
bonnes volontés devront être mobilisés dans la bonne direction. Ni miracles ni
baguette magique mais soutenir le mandat et le programme ambitieux dont il est
porteur c’est déjà accomplir un pas dans la bonne direction en lieu de faire du
surplace ou un nouveau recul. Un mandat ne saurait suffire à lui seul mais il
pourrait du moins limiter les dégâts, de maintenir le navire à flots.
Tous les candidats porteurs de changement, et
ils ne sont pas légions, animés d’un projet et d’une vision politique,
économiques et sociales, de propositions de réformes politiques,
institutionnelles, administratives et judiciaires doivent être considérés comme
des alliés objectifs du mandat, comme une plus-value et de futurs partenaires dont
la contribution est indispensable à l’édification de l’Etat de droit et des
institutions. Toutes les bonnes volontés sont conviées à y prendre part.
Soutenir le mandat ne se limite pas à voter
exclusivement pour les listes soutenues par le CPL ou pour tous les candidats
qui s’en revendiquent ou y sont affiliés.
Certains colistiers du CPL ne représentent
aucunement le changement ni la reforme, bien au contraire ils incarnent le
statut quo du vide ; leur présence relève de l’opportunisme électoral et de
calculs politique. Aussi, leur allégeance et leur discipline de vote au
parlement est loin d être acquise.
Tout candidat intègre et compétent qui accède à l’hémicycle est une recrue de choix, un atout pour le mandat et un apport à l’action législative et à la bonne gouvernance. Des nouveaux visages peuvent s’avérer être des soutiens circonstanciels du président selon les projets et les sujets, voire même lui permettre de se défaire de certains liens pesants et d’alliances d’intérêts embarrassantes qui entravent son action et son élan réformateur. Toutes les demandes de réformes versent dans le sens de l’édification de l’Etat et renforcent le projet présidentiel, tant celles qui émanent de l’intérieur que certaines préconisées par les instances internationales en matière de gouvernance, de lutte contre la corruption, de transparence, de défense des droits de l’homme, de fonctionnement administratif, de politique économique, fiscale et financière à l’instar des réformes et recommandations, notamment structurelle et sectorielles faites par la communauté international lors de la conférence CEDRE ou l’insistance sur la politique de distanciation et la mise en œuvre d’une stratégie défensive.
Aussi je souhaite sincèrement le succès de
certaines figurent indépendantes mais aussi de figurent de l’opposition qui ont
fait la preuve de sérieux, de bonne foi, de dynamisme et d’initiative. Il est
vital de bénéficier d’une opposition active, constructive et objective car gouverner
c’est avant tout collaborer, coopérer et se lancer dans une compétition pour le
bien public, une concurrence et un débat productif et rationnel au service du bien
commun dans le respect de la loi et régit par les règles du jeu démocratique et
institutionnel.